La pêche électrique

Une question d’actualité qui fait bondir les écologistes, comme Maud Fontenoy, autour de ce que l’on appelle la pêche électrique. Figurez-vous que le Parlement Européen a voté un en novembre dernier un amendement qui permet une extension massive de cette pratique. Nous sommes beaucoup à avoir découvert l’existence de la pêche électrique ces derniers temps. On imagine les poissons qui sont bien cachés dans les fonds et qui sont délogés à coup de décharges électriques pour remonter vers les chalutiers. Claire Nouvian, fondatrice de l’association Bloom va nous résumer ce dont il s’agit.

Pourquoi l’utilisation d’une telle pratique écologiquement catastrophique ?

Claire Nouvian : D’abord elle est interdite en Europe cette pêche électrique. C’est quelque chose qu’il faut savoir car cela fait partie des aberrations européennes. Elle est interdite depuis 1998 mais la Commission Européenne, sous pression d’un lobbying forcené des Pays-Bas a fini par donner des dérogations en 2007.
Donc elle est interdite mais elle est pratiquée. Elle est interdite mais elle est aussi subventionnée. Normalement c’est une dérogation pour 5% des navires de pêche mais les Pays-Bas n’en ont eu que faire et ils ont équipé 28% de leur flotte donc elle est aussi illégale. L’association Bloom a porté plainte contre les Pays Bas en octobre 2017 donc dès ce mois elle a lancé une campagne publique parce qu’il y a eu un vote en Commission.
Vous savez, chaque Parlement a des Commissions spécialisées et ensuite il y a des votes en plénière. On a obtenu que le vote allait en plénière. Donc entre ce vote de la Commission qui a été terrible et qui fait ce que vous avez résumé, cela va permettre une extension de la pêche électrique à toute l’Europe si, ils disent que tout va être permis. Tout va être permis si dans 4 ans la science n’a pas prouvé que les impacts étaient négatifs pour l’environnement. On inverse donc la charge de la preuve.

Quel impact sur l’environnement ?

On avait des chalutiers qui raclent tout et qui déjà détruisent l’environnement marin et ils ont été équipés d’électrodes. Donc maintenant on a du courant qui passe directement dans le sédiment et qui électrocute toute la vie marine. Donc cela génère chez les grands poissons une convulsion, un peu comme un taser ce qui fait que c’est tellement violent que musculairement, les organismes vivants ne peuvent pas l’empêcher. Cette convulsion chez les poissons est tellement violente que ça fracture les colonnes vertébrales des poissons.
En revanche, les défenseurs de cette pratiquent affirment que la décharge est légère et permet simplement de sortir les poissons de l’endroit où ils sont cachés pour les ramasser.
Claire Nouvian : Alors ils disent ça car les lobbies industriels n’ont pas peur de dire à peu près tout et n’importe quoi. Il faut imaginer qu’en Europe depuis 1950, le nombre de poissons ne cesse de diminuer alors que dans le même temps les bateaux qui étaient sont devenus une véritable puissance de frappe qui est absolument incroyable. Quand vous avez trop de bateaux et pas assez de poissons, vous êtes très mal écologiquement et financièrement. Vous ne capturez plus assez de poissons pour avoir une rentabilité économique par rapport au carburant et aux salaires des marins.
Donc là, il faut déployer un peu d’imagination pour pouvoir capturer les poissons le plus vite possible. Et l’électrocution, c’est hélas radical. C’est donc un objectif de rentabilité. C’est une démarche égoïste car les Pays-Bas veulent capturer les derniers poissons avant les autres. Le fait que la pêche artisanale soit en train de mourir autour de la Mer du Nord là où c’est pratiqué aujourd’hui, ça ne les bouleverse pas…