Qu’est-ce qui se cache sous la question « Quelle est la couleur du cheval Blanc d’Henri IV ? » ?

Classique parmi les classiques, cette question à première vue purement rhétorique recèle quelques surprises lorsqu’on se penche dessus. Quelle est la couleur du cheval Blanc d’Henri IV continue d’être posée, en dépit des siècles qui se sont succédé depuis la mort du roi. La solution à cette énigme tiendrait de la nature même du cheval…

Énigme historique

Interroger un enfant sur la couleur du cheval Blanc d’Henri IV est commun, et sert souvent de prétexte à discerner s’il se concentre ou non sur ce qui est dit. Il est rare qu’un adulte réplique autre chose que « blanc », pourtant la réponse demeure loin d’être aussi simple qu’il n’y paraît. En cause ? De nombreux éléments linguistiques et historiques, la plupart du temps négligés ou allègrement zappés, qui complexifient l’énigme.

Tout tient au cheval concerné, qui n’est pas forcément clair — notez le jeu de mots avec la couleur du cheval Blanc. Sans compter les goûts et préférences de ce roi populaire et bien connu qu’était Henri IV, dont il faut être fin connaisseur pour cerner les subtilités de la question. C’est l’occasion de mobiliser ou nourrir sa culture générale !

Le cheval blanc d’Henri IV

Quand on part du principe que le cheval est à considérer sous son aspect purement chevalin, ou plutôt, équestre et hippique, deux éléments de l’énigme sont à prendre en compte.

Tout d’abord, un cheval à la robe de couleur blanche est fort rare, pour ne pas dire exceptionnel. Pour tout dire, les spécialistes les jugent plutôt comme gris ou perle — ce qui change la donne. Évoquons un exemple connu avec les chevaux de Camargue. S’ils sont emblématiques avec leur robe claire, ils ne sont pourtant pas considérés comme blancs : ils sont dits gris moucheté ou truité.

Quand on se penche sur des sources historiques, dont les registres des Haras du Verseau, on constate que le cheval Blanc d’Henri IV, pour exceptionnel qu’il ait été, correspond à un cheval de la race des Barbes. Cette race équine se reconnait à des sabots de corne blanche, à un nez rose et à un tour des yeux clair… Or, toutes ces caractéristiques sont aujourd’hui admises comme appartenant à une robe dite « crème ». Ce n’est donc pas exactement le blanc auquel on s’imagine en entendant l’énigme.

Ensuite, on notera que dans beaucoup de versions de la question « Quelle est la couleur du cheval Blanc d’Henri IV ? », le « b » de « blanc » est une majuscule. Cela pourrait indiquer que Blanc correspondrait davantage au nom de la monture du roi qu’à sa couleur véritable (crème, comme on l’a dit juste avant). Ce point est très souvent discuté, car il ne fonctionne qu’en posant l’énigme sur le papier ou l’écran.

Cheval blanc d’Henri IV et œnologie

La gastronomie propose une explication et une solution très différentes. Si on se fie aux historiens amateurs de grands crus, la couleur du cheval blanc d’Henri IV serait, je vous le donne en mille, rouge. Non, vous ne rêvez pas : un cheval rouge. D’où sort une telle théorie, impossible dans la nature ?

La prochaine fois que vous serez à la recherche d’une bonne bouteille de vin à déguster entre amis, que vous alliez chez un caviste ou ailleurs, soyez attentif. Vous découvrirez peut-être un domaine nommé Château Cheval-Blanc, un vin de Bordeaux particulièrement fameux (il vaudrait mieux parler d’un Saint-Émilion pour être précis) classé comme Premier Grand Cru. La monture d’Henri IV serait donc plutôt un délectable cru, issu d’un cépage déjà reconnu pour ses qualités à l’époque, qu’un cheval. Les sources historiques manquent pour confirmer le fait, néanmoins nombreux sont ceux qui affirment que le roi de Navarre en était friand lorsqu’il s’agissait d’agrémenter ses repas. Et, quand on constate les prix élevés des bouteilles de Château Cheval-Blanc, on peut se dire qu’Henri IV appréciait ce qui se fait de mieux !

L’angle de l’humour

Impossible de trancher sur la couleur du cheval Blanc d’Henri IV à partir de ce qui a été dit juste avant ? Vous allez en être pour vos frais : une autre théorie, plus drôle et originale qu’avérée, a été soulevée par le dessinateur humoristique Gotlieb.

De l’avis général de l’époque, Henri IV aimait hautement l’humour, les farces et les jeux d’esprit. Comme quoi, on peut être roi et apprécier la rigolade ! Le cheval Blanc aurait été dressé à se rouler au sol, et partir en campagne salissait sa robe crème, aussi Henri IV se serait-il amusé parfois, par facétie, à demander à ses compagnons de route ou aux membres de sa cour quelle était la couleur de sa monture sans qu’ils l’aient encore vu. Les paris devaient certainement aller bon train. La devinette serait ensuite passée à la postérité, et la blague poursuit son chemin encore aujourd’hui !

J’espère que ces quelques éléments historiques et hippiques vous aideront à cerner la bonne réponse !